Cette année, faisons bonne chère

Il y a juste deux siècles, Brillat-Savarin publiait la Physiologie du goût. Tout en condamnant les excès, il y célébrait les vertus de la bonne chère, source de plaisir et de liens sociaux. Un modèle.

Manger bon et sain
4 min ⋅ 22/01/2025

Dans les années 30, le célèbre fromager André Androuët a donné le nom de Jean-Anthelme Brillat-Savarin à un délicieux fromage crémeux. Un hommage au père de la gastronomie française moderne. Magistrat, député, conseiller à la Cour de cassation, poète et essayiste, polyglotte, musicien talentueux, globe trotter exilé par la Révolution française, Brillat-Savarin sera même, un temps, Premier violon au théâtre de New-York.

Mais il est surtout connu pour son célébrissime livre, Physiologie du goût, publié deux mois avant sa mort, en 1825. Un best-seller, une somme au style indéfinissable, parfois drôle ou poétique, parfois scientifique, et médical sur les effets de l’alimentation, entre traité ethnographique, analyse sociétale et politique, et encyclopédie du goût.

En avant-propos de son ouvrage (préfacé par Balzac dans sa réédition), il énonce vingt aphorismes, dont le célèbre “Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es”. Un résumé de sa pensée érudite en quelques phrases.

Pour lui, l'art de manger et l'art de la table sont issus d'une construction sociale très réfléchie, avec des incidences politiques qui dépassent l’action de s’alimenter.

L’étymologie de bonne chère rappelle ce lien entre alimentation, plaisir, convivialité et sociabilité. Du latin cara (visage), l’expression signifie originellement faire bonne figure, être aimable, accueillant.

La période qui suit les fêtes incite plutôt au Dry January et au bouillon clair qu’aux repas roboratifs. Mais, bonne chère est le contraire d’excès. “S’indigérer” ou “s’enivrer” c’est oublier l’équilibre, la tempérance, le plaisir et l’échange dont parle Brillat-Savarin.

Nous vous souhaitons une heureuse année 2025 et espérons que vous pourrez, aussi souvent que possible, faire ou offrir bonne chère.

▶️ Le chiffre de la semaine

Source : CNIV

▶️ C’est de saison !

🔷 Le chou de Bruxelles

Voilà un légume mal-aimé qui mérite bien mieux que nos souvenirs de cantines ! Ces petits choux, poussés sur une tige d’un mètre de haut aux aisselles des feuilles, ont longtemps souffert d’une mauvaise réputation car ils étaient souvent mal préparés.

C’est un légume d’automne et d’hiver qui ne craint pas le froid. Il est riche en fibres, comme tous les choux, et en vitamines B9, C et K. Il se conserve une semaine dans le bac à légumes du réfrigérateur sans perdre ses qualités. Les choux supportent bien la congélation, à condition d’avoir été blanchis à l’eau bouillante pendant 3 à 5 minutes, séchés et répartis à plat, à distance les uns des autres pour ne pas former de paquets de glace.

Pour supprimer l’amertume des choux, on peut les blanchir deux fois (3 à 5 minutes), en changeant l’eau salée à chaque cuisson. Les choux seront aussi, de cette manière, plus digestes.

❇️ Voir la recette de choux de Bruxelles au lard en cocotte

▶️ En bref

🥬 Le chou-rave, légume oublié, a été une star des tables pendant plusieurs siècles. Il revient sur le devant de la scène potagère.

🍊 Boire un jus d’orange le matin est aussi mauvais pour la santé que boire du coca-cola. Voilà, c’est dit.

🍕Une carence en vitamines, minéraux et autres nutriments essentiels présents dans l’alimentation pourrait être à l’origine de la fatigue chronique.

🍷 Vous avez un peu forcé pendant les repas de fêtes et vous vous sentez barbouillés ? Voilà quelques conseils d’une diététicienne pour soulager votre foie.

💪 On peut douter de la pertinence de cuisiner des tomates-cerises en hiver, mais cette soupe pourrait muscler vos défenses immunitaires.

▶️ Anti-gaspi

🔷 Les Français parmi les plus contaminés au cadmium

Dimanche 26 janvier, l’émission de télévision Zone interdite, sur M6, s’apprête à révéler un nouveau scandale alimentaire : la contamination généralisée au cadmium dans l'alimentation française. Ce métal lourd toxique est présent dans de nombreux aliments courants, notamment le pain. Près d'un adulte sur deux et un enfant sur cinq présentant des taux élevés de ce polluant.

L'origine principale de cette contamination est l'utilisation d'engrais phosphatés dans l'agriculture. Le cadmium présente des risques significatifs pour la santé, notamment des problèmes rénaux et un risque accru de cancer. L'étude qui sert de base à l’émission souligne également la pollution des sols par des métaux lourds et la présence de pesticides interdits dans certains produits importés, créant une menace sanitaire invisible mais omniprésente.

▶️ Produire sain

🔷 Les supermarchés anti-gaspi, une solution pour ne  pas gâcher

Un tiers des aliments produits finissent à la poubelle : les supermarchés anti-gaspillage apparaissent comme une réponse concrète à ce problème. Des enseignes donnent une seconde chance aux produits rejetés par le circuit traditionnel tout en proposant des prix bas aux consommateurs.

Nous anti-gaspi, né en Bretagne en 2018, est l’un des précurseurs de ce modèle en France. Le concept est simple : collecter des produits alimentaires destinés à être jetés, non pas parce qu’ils sont impropres à la consommation, mais en raison de critères esthétiques, de surplus de production ou de dates limites de consommation proches. Fruits et légumes biscornus, yaourts à quelques jours de leur DDM (date de durabilité minimale), et produits d’épicerie légèrement endommagés trouvent ainsi une place sur les étals et dans les rayons de ces supermarchés.

Les consommateurs profitent de ces invendus à des prix réduits, parfois jusqu’à 50 % moins chers par rapport à  la grande distribution classique. Tout cela, sans compromettre la qualité : les produits sont contrôlés rigoureusement pour garantir leur sécurité alimentaire.

Un concept en expansion

Depuis son lancement, Nous anti-gaspi a ouvert plus de 20 magasins en France et inspire d’autres initiatives. Ces supermarchés ne se contentent pas de vendre des produits : ils participent à un changement de mentalité. Avec efficacité : il n’existe plus un supermarché traditionnel sans un rayon “date courte”.

En repensant la place des invendus dans nos assiettes, ces magasins prouvent qu’il est possible de concilier économie, écologie et solidarité.

❇️ Découvrir Nous anti-gaspi

▶️ Une vidéo à regarder

Maïté, de son nom complet Marie-Thérèse Ordonez, nous a quitté juste avant Noël. Ancienne “annonceuse” à la SNCF où elle avertissait les ouvriers de l’arrivée d’un train, elle apprend ensuite la cuisine seule et ouvre un restaurant. Elle était connue pour avoir animé La cuisine des mousquetaires, diffusée sur FR3, de 1983 à 1997. Amoureuse de la cuisine du Sud-Ouest, elle excelle à transmettre les recettes de cuisine traditionnelle. On se souviendra de son accent landais et de ses recettes généreuses.

À titre d’hommage, découvrez, et dégustez, sa recette de hamburger king size, au magret de canard et au foie gras. Et la dégustation d’un “vrai hamburger”, à la fin de l’extrait, vaut son pesant de cacahuètes.

▶️ Une personne à suivre

Vincent Ferniot est journaliste et chroniqueur gastronomique. Il s’est notamment fait connaître comme chroniqueur de l’émission Télématin, sur France 2. Il publie beaucoup sur Instagram, des coups de cœur de cuisine et des recettes.

C’est fini pour cette semaine. Si vous avez aimé cette édition, merci de liker et de laisser un commentaire pour nous aider à améliorer cette newsletter, la vôtre.

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Manger bon et sain

Par Xavier de Mazenod

Ancien journaliste, éditeur de la newsletter de Zevillage sur le futur du travail, Xavier édite Manger bon et sain avec Pascal Greboval, co-fondateur de Kaizen magazine.

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