Le Salon de l’agriculture… ou des agricultures ?

Le salon de l'Agriculture vient d'ouvrir. Deus semaines pour célébrer l'agriculture française. Mais existe-t-il une ou plusieurs agricultures pour approvisionner nos assiettes ?

Manger bon et sain
5 min ⋅ 22/02/2025

Ainsi, comme tous les ans à cette période, les portes du Salon de l’agriculture se sont ouvertes. Salon (?!) de l’agriculture, au singulier. Comme s’il n’existait qu’une seule et même agriculture, unifiée, homogène, indifférenciée. Pourtant, en parcourant les allées du salon, ou mieux les régions françaises, il est facile de constater qu’il n’y a pas UNE agriculture, mais DES agricultures.

Comment comparer un grand céréalier de la Beauce, cultivant des centaines d’hectares de blé pour l’export, et un petit maraîcher bio, vendant ses légumes en direct sur un marché local ? Entre un éleveur laitier livrant des milliers de litres à une coopérative industrielle, et un éleveur de chèvres affinant lui-même ses fromages dans sa ferme.

Certes ils produisent les calories que nous mettons dans nos assiettes. Qu’ont-ils en commun ?  Pas grand chose !

Revenus, contraintes, aides, rapport à la biodiversité, retraites : il existe tant de spécificités différentes qu’on ne peut pas réduire l’agriculture à un seul modèle d’agriculteur. Sur le plan économique que sur le plan philosophique.

L’agriculture, c’est à la fois l’hyper-mécanisation et la traction animale, les fermes-usines et l’agriculture paysanne, un marché mondialisé et les circuits courts.

Alors pourquoi parler du Salon de l’agriculture, comme si tout cela formait un bloc monolithique ? Peut-être parce que, dans l’imaginaire collectif, on a longtemps voulu croire à un modèle unique. Celui de la modernisation à marche forcée, des volumes toujours plus grands et des coûts toujours plus bas. Parce que c’est plus facile de ne voir qu’une seule tête !

On a voulu croire longtemps aussi que l’agriculture c’était simplement un paysage campagnard.

Pourtant, et c’est basique, l’agriculture est d’abord le rapport au vivant : le climat, les graines, la terre, les récoltes, les animaux, etc. Dès lors, comment peut-on imaginer un rapport homogène au vivant ?

Dit autrement, le vivant c’est la biodiversité. La biodiversité c’est le contraire de l’uniformité.

De fait, l'avenir agricole ne pourra pas être uniforme.

En tant que consommateurs, nous avons un rôle à jouer : quelle agriculture voulons-nous soutenir ? Nous sommes tous d’accord pour que les producteurs soient dignement rémunérés, pour que la biodiversité soit préservée, pour que nos paysages territoriaux soient protégés.

Cette année encore, le salon rassemblera ces mondes agricoles différents. À nous de les appréhender tous et de choisir au quotidien, quelle défense de l’agriculture est à notre portée.

Pascal

▶️ Le chiffre de la semaine

▶️ C’est de saison !

🔷 La carotte

Pas besoin de vanter les mérites de la carotte tant elle fait l’unanimité ! Crue ou cuite, en salade ou en accompagnement d’un plat chaud, elle séduit tout le monde. Elle est le deuxième légume-racine le plus cultivé au monde derrière la pomme de terre.

Sur le plan nutritif, la carotte est très riche en fibres, en anti-oxydants, en carotène (provitamine A), en vitamine B (toutes les vitamines du groupe B sauf la B12) et en minéraux (calcium, magnésium, potassium et le fer). Son goût sucré vient de sa teneur non négligeable en glucides (4 à 5 g pour 100 g).)

Crue, on la mange rapée, seule ou accompagnée de céléri ou de choux rapé. Assaisonnée avec du jus de citron, ou avec du jus d’orange et une bonne huile d’olive, avec du persil haché, ou du cumin, c’est un délice. On peut aussi la consommer en jus mais alors on perd le bénéfice des fibres.

Cuite, la carotte peut être le centre du plat comme dans les carottes à l’étouffée (“Vichy”) ou à la vapeur. Elle peut-être consommée en soupe, seule ou accompagnée d’autres légumes. On la cuisine aussi… en gâteau.

En accompagnement, elle entre dans les recettes de potées, du couscous, ou de bœuf carottes. On peut aussi la préparer en purée, seule ou mélangée avec d’autres légumes, comme les pommes de terre, les poireaux ou le céleri.

❇️ Recette de Stoemp classique aux carottes et poireaux avec saucisse de campagne


▶️ En bref

👏 L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise de limiter notre consommation de sel à 5 g par jour, Pas simple en pratique, car cette substance se cache dans de nombreux aliments transformés. Une solution : trouver des substituts.

🔥 Le régime anti-inflammatoire repose sur des fruits et légumes, des grains entiers, du poisson gras, des fruits oléagineux, comme les noix, et l’huile d’olive. Ces aliments sont riches en antioxydants, en fibres et en bonnes graisses de type oméga 3.

😕 Nous vous en parlions la semaine dernière : la proposition de loi visant à expérimenter l'instauration d'une sécurité sociale de l'alimentation n'a pas pu être discutée à l'Assemblée nationale le 20 janvier, faute de temps. 

👍 Peut-on avoir une alimentation équilibrée en vivant en totale autonomie ? Voilà l’expérience menée par Corentin de Chatelperronil, fondateur du Low-Tech Lab. Il l’a fait, alors pourquoi pas chez vous ?


▶️ Anti-aspi

Vos carottes traînent depuis de longues semaines au fond du tiroir à légumes? Radio-Canada a rassemblé quatorze recettes d’entrées, d’accompagnements, de plats principaux et de desserts pour vous inspirer une foule d’idées d’accomodement qui vous éviteront de jeter ces vieux légumes.

▶️ Produire sain

🔷 Les grainothèques au secours de la qualité

Le printemps arrive. Le temps de préparer les semis pour produire des légumes de qualité. Et qui dit semis, dit graines. Des graines qu’on peut échanger, trouver hors des circuits marchands classiques, dans les grainothèques.

Portées par un intérêt croissant pour la biodiversité et le partage de savoir-faire, elles prolifèrent depuis une dizaine d’années. Hébergées dans des bibliothèques, des associations ou même accessibles en ligne, ces espaces d’échange permettent à chacun de partager et d’acquérir des graines, gratuitement et librement.

Pourquoi créer une grainothèque ?

Les grainothèques sont une solution accessible et efficace pour sensibiliser au jardinage, renforcer les liens entre habitants et agir concrètement pour la biodiversité. Que ce soit en bibliothèque, en mairie ou dans un café associatif, ces initiatives redonnent aux citoyens le pouvoir de cultiver et de préserver le vivant. 

Comment créer une grainothèque ?

🔹 Définir les objectifs et le fonctionnement : se réunir en groupe pour organiser le projet et assurer sa pérennité.
🔹 S’inspirer d’initiatives existantes : l’association Graines de Troc accompagne le développement des grainothèques en France.
🔹 Choisir un emplacement adapté : un lieu visible et accessible, comme l’entrée d’une bibliothèque ou une salle associative.

🔹 Collecter et conditionner les graines : privilégier les variétés locales et reproductibles (éviter les graines hybrides F1).
🔹 Récolter les graines à maturité, les faire sécher et les conditionner dans des sachets étiquetés (espèce, variété, année).
🔹 Animer et communiquer : organiser des ateliers de jardinage, des journées d’échange de graines et des animations sur la permaculture. Mettre à disposition des ressources sur le jardinage et la préservation des semences.
🔹 Encourager le troc responsable : sensibiliser les usagers à déposer autant qu’ils prennent et à bien renseigner leurs sachets pour assurer la traçabilité des graines.

La grainothèque de la Médiathèque Yourcenar

Dès 2015, la Médiathèque Marguerite Yourcenar, à Paris, a lancé sa grainothèque en libre-service. Ce projet s’accompagne d’actions de médiation et d’ateliers, en partenariat avec des associations de jardinage. Accessible à tous, elle permet aux usagers d’échanger librement des graines et de découvrir les principes de l’agroécologie.

▶️ Une vidéo à regarder

Pourquoi l’hypertransformation des aliments est mauvaise pour la santé et engendre obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires et cancers ? Ce documentaire explique simplement pourquoi la transformation industrielle dénature les composants de base, les rend plus calorique, plus denses en gras, en sucre et en sel. Vous apprendrez aussi comment l’industrie agro-alimentaire utilise les neurosciences pour concevoir des produits appétants… mais mauvais pour la santé.

▶️ Une personne à suivre

Sur ses comptes Instagram et YouTube, Whoogy ́s propose chaque dimanche des recettes simples, traditionelles et goûteuses. Un fan du piment d’Espelette. Il vient aussi de publier le tome 2 de son livre.

C’est fini pour cette semaine. Si vous avez aimé cette édition, merci de liker et de laisser un commentaire pour nous aider à améliorer cette newsletter, la vôtre.

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Manger bon et sain

Par Xavier de Mazenod

Ancien journaliste, éditeur de la newsletter de Zevillage sur le futur du travail, Xavier édite Manger bon et sain avec Pascal Greboval, co-fondateur de Kaizen magazine.

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