Une carte vitale pour manger plus sain ?

L'Assemblée nationale va se prononcer cette semaine sur le projet d'une "carte vitale de l'alimentation" créditée de 150€ par mois. L'objectif est d'aider les Français à mieux s'alimenter. Ce projet ouvre, peut-être, une porte à la réflexion sur notre alimentation.

Manger bon et sain
5 min ⋅ 15/02/2025

Et si demain, nous avions tous une "carte vitale de l’alimentation", créditée de 150 euros par mois, pour accéder à une nourriture saine, locale et équitable ? C’est le projet qui sera discuté le 20 février à l’Assemblée nationale. Une initiative portée par les députés écologistes qui pourrait bien changer la donne pour des millions de Français.

Aujourd’hui, bien manger reste souvent une question de moyens financiers. Face à la hausse des prix alimentaires, de plus en plus de foyers sacrifient la qualité au profit du prix. Et, pendant ce temps-là, les agriculteurs peinent à vivre de leur travail. Cette sécurité sociale alimentaire offrirait une double réponse : permettre aux citoyens de mieux choisir ce qu’ils mettent dans leur assiette et garantir aux producteurs une rémunération juste.

Un circuit vertueux
Le dispositif ne serait pas un simple chèque alimentaire : il reposerait sur un système de caisses locales et un financement mixte (fonds publics, collectivités et cotisation citoyenne). L’objectif ? Soutenir les circuits courts et favoriser une alimentation plus écologique et responsable. Une quarantaine d’expériences locales existent déjà en France, prouvant la faisabilité de ce modèle.

Contrairement aux dispositifs d’aide alimentaire actuels, souvent stigmatisants, cette initiative est universelle et démocratique. Les citoyens décideraient collectivement des produits à privilégier et des producteurs à conventionner. Une façon de remettre du pouvoir dans les assiettes, mais aussi dans les mains des agriculteurs.

Bien sûr, le projet soulève des questions : comment garantir un approvisionnement diversifié ? Quel impact sur le budget de l’État ? Mais une chose est sûre : cette proposition ouvre une réflexion nécessaire sur l’accès à une alimentation de qualité pour tous. Et si, demain, manger sainement devenait un droit fondamental ?

Pascal

▶️ Le chiffre de la semaine

Limiter sa consommation, ou mieux, manger des poissons locaux : sole, bar, plie, barbue, églefin, cabillaud, merlu, limande, maquereau…

▶️ C’est de saison !

🔷 L’épinard

L’épinard : voilà encore un légume mal-aimé, probablement à cause de mauvais souvenirs de cantine, encore une fois. Pourtant, ce légume-feuille est un habitué dans notre alimentation depuis un millénaire !

Très présent aussi dans la gastronomie italienne (d’où l’appellation “à la florentine” pour les recettes avec des épinards), il gagnerait à être mieux connu chez nous. Il est riche en fibres, en antioxydants, en vitamines B9 et C, et en calcium. Mais il n’est pas le gisement de fer cher à Popeye : cette croyance viendrait, selon l’explication la plus courante, d’une erreur de retranscription de la secrétaire d’un chimiste allemand au XIXe siècle qui lui aurait attribué un taux de fer dix fois plus élevé que la réalité.

Il se cultive de décembre à juin, suivant les variétés. La célèbre variété Géant d’hiver, par exemple, résiste très bien au froid. D’une manière générale, l’épinard n’aime pas les grosses chaleurs.

Il se mange cru ou cuit. Cru, ses jeunes feuilles apportent du croquant et un petit goût acidulé à une salade.

On peut le cuire de différentes façons : dans de l’eau, à la vapeur ou à la poêle. À la cuisson, il va rendre beaucoup d’eau et diminuer fortement de volume. Gros volume pour petit résultat : comptez 500 g d’épinards frais pour deux personnes.

❇️ Recette de lasagnes aux épinards et champignons


▶️ En bref

🥚🥚🥚🥚🥚 Joseph Everett, haltérophile et youtubeur, a mangé près de 1000 œufs pendant un mois. On peut observer les changements de ce régime hyper-hyper-protéiné sur sa santé. Attention : ne reproduisez pas cette expérience si vous n’êtes pas un athlète.

👍 Découvrez six aliments anti-âge qui regorgent tous de vitamines et d’antioxydants essentiels au maintien d’une peau ferme et jeune.

😨 PFAS dans l’eau potable : la régie parisienne va porter plainte pour « faire payer les pollueurs » ; la Loire-Atlantique constate les dégâts.

🐳 L'être humain est-il comestible pour la baleine à bosse ? À priori, non ! Ce kayakiste remercie le ciel d’avoir été recraché par le cétacé.

👏 Le propriétaire de Gerblé va changer 150 recettes de produits vendus en supermarché pour conserver le Nutriscore.


▶️ Quel scandale !

Vous aimez les crevettes ?

La production de crevettes exotiques (Équateur, Inde, Chine, Thaïlande, Indonésie…) repose sur des pratiques aux conséquences dramatiques. Esclavage moderne, déforestation massive, souffrance animale et impact écologique catastrophique : l’industrie crevettière est l’un des exemples les plus flagrants des dérives de notre consommation mondiale

Une seule solution : ne mangez plus ni de ces gambas appétissantes ni de ces gros bouquets décongelés venus de loin. Mangez plutôt les petites crevettes grises de nos côtes : laborieuses à éplucher, moins pratiques pour cuire en brochette mais tellement savoureuses.

▶️ Produire sain

🔷 L’aquaponie : cultiver entre terre et eau

Et si notre alimentation de demain s’inspirait des écosystèmes naturels ? C’est toute la philosophie de l’aquaponie, une méthode qui associe élevage de poissons et culture de plantes dans un circuit fermé et autonome. Une alternative prometteuse pour une production plus locale, plus économe et plus durable.

L’aquaponie repose sur un principe simple : les poissons produisent des déjections riches en nutriments, qui servent d’engrais naturel aux plantes. Celles-ci  filtrent l’eau, et créent un environnement sain pour les poissons. Un cycle vertueux où rien ne se perd et tout se transforme. Il faut toutefois souligner les carences en fer et en divers oligo-éléments liées à ce type de culture hors-sol.

Cette technique permet de cultiver fruits et légumes sans engrais chimiques ni pesticides, avec une économie d’eau possible de 90 % en regard de l’agriculture traditionnelle.

Une réponse aux défis agricoles

Dans un contexte de changement climatique, d’épuisement des sols et de pression sur les ressources en eau, l’aquaponie apparaît comme une solution d’avenir.

C’est le pari fait par Les Nouvelles Fermes, une exploitation installée près de Bordeaux qui développe un modèle d’aquaponie à grande échelle. Leur ferme de 5 000 m² produit 25 tonnes de légumes et 10 tonnes de poissons par an, distribués en circuits courts aux restaurateurs et aux magasins bio de la région.

L’ambition est claire : prouver que l’aquaponie peut être une alternative économiquement viable à l’agriculture conventionnelle. Grâce à ces techniques, la ferme parvient à maximiser sa production tout en respectant l’environnement, sans pesticides ni antibiotiques.

Et si vous testiez chez vous ?

L’aquaponie n’est pas réservée aux fermes expérimentales ! Il est tout à fait possible de l’adopter en version low-tech à domicile. Un simple aquarium, une pompe à eau et quelques bacs de culture, suffisent pour produire des herbes aromatiques, de la laitue ou des fraises en intérieur ou sur un balcon. Certains bricolent des systèmes à partir de matériaux de récupération : un vieux tonneau pour l’eau, une caisse en bois pour les plantations et un circuit d’irrigation gravitaire.

Grégory Biton, passionné d’aquaponie depuis six ans, en a fait l’expérience. Dans sa serre de 20 m² en région bordelaise, il cultive tomates, poivrons, petits pois, choux, fraises et bien d’autres légumes, tout en élevant des truites. « Je récolte toute l’année. Le goût et la rapidité de croissance sont incomparables avec ce que j’obtiens dans mon potager », explique-t-il. Son choix est clair : aucun chauffage, aucun éclairage artificiel, pour préserver le bénéfice écologique du système.

Il recommande de commencer à petite échelle afin d’acquérir les compétences nécessaires. « L’aquaponie demande un peu d’apprentissage, comme le jardinage ! Mais une fois en place, l’entretien est minime : deux minutes par jour, une heure par semaine pour les semis et les récoltes, et quelques heures par mois pour la maintenance », précise-t-il. Résultat : une production continue, une charge de travail réduite et une quarantaine de kilos de poissons par an.

Et si demain, nos salades et nos poissons venaient du même jardin ?

▶️ Une vidéo à regarder

Accompagné de viande, de volaille ou de poisson, le thiéré est le plat de fête et du quotidien des Sénégalais. Un véritable couscous à base de mil.

▶️ Une personne à suivre

Philippe Etchebest, médiatique chef-cuisiner (juré de Top Chef, animateur de Cauchemar en cuisine), et restaurateur à Bordeaux, publie sur son compte Instagram ses tours de main et ses recettes simples à réaliser.

C’est fini pour cette semaine. Si vous avez aimé cette édition, merci de liker et de laisser un commentaire pour nous aider à améliorer cette newsletter, la vôtre.

Et merci aussi de la faire connaître autour de vous.

Merci d'avoir lu Manger bon et sain ! Abonnez-vous gratuitement pour recevoir de nouvelles lettres et soutenir notre travail.

Manger bon et sain

Par Xavier de Mazenod

Ancien journaliste, éditeur de la newsletter de Zevillage sur le futur du travail, Xavier édite Manger bon et sain avec Pascal Greboval, co-fondateur de Kaizen magazine.

Les derniers articles publiés